Après avoir cité Claude Levi-Strauss concernant le végétarisme, voici un poème d’Alphonse de Lamartine qui exprime parfaitement les préoccupation des végétariens et leur perplexité quant à l’inconscience des hommes qui mettent à mort des animaux et en mangent la chair.
Ma position dans mes interventions est très claire : je ne souhaite nullement culpabiliser les personnes mangeant de la viande et créer un conflit entre végétariens et « omnivores ».
Je comprends parfaitement les personnes mangeant de la viande : nous avons tous été élevés avec ce modèle d’alimentation qu’il est délicat de remettre en question et par rapport auquel nous envisageons difficilement des alternatives.
Diffuser des recettes végétariennes et des conseils de cuisine a pour but de proposer d’autres possibilités. La cuisine végétarienne, correctement maîtrisée, présente en effet des vertus incomparables : elle est simple, économique, goûteuse, nourrissante et bonne pour la santé.
Informer sur la manière de manger végétarien, guider les gens pas à pas et leur proposer une autre manière de s’alimenter sont des points importants pour inspirer, pour inviter chacun d’entre nous à moins consommer de chair animale.
Mais il ne faut pas perdre de vue ce qui motive la démarche, basée sur des considérations éthiques. Pour les personnes mangeant de la viande, la conscience de la souffrance animale peut être un puissant moteur vers un changement d’alimentation, pas forcément radical mais allant dans le sens d’une consommation moindre de produits animaux.
Les reportages sur l’abattage des animaux (rendus bien rares par des industriels peu fiers d’exposer leurs pratiques) font froid dans le dos.
Nous avions déjà envisagé l’exemple de Charal : abominable et scandaleux !!!
Informations et reportages devraient nous amener à voir les bêtes autrement que comme de simples stocks de nourriture dans lesquels nous pouvons piocher indéfiniment, mais plutôt comme des êtres dont nous pouvons ressentir la condition.
Nous pourrions juste prendre un instant pour imaginer quels seraient les désagréments d’être froidement égorgés pour ensuite être découpés en morceaux…
Revenons à ce texte que je trouve assez inquiétant. Outre l’horreur de la mise à mort des animaux, Lamartine insiste sur les conséquences de telles pratiques sur l’esprit humain, qui s’orienterait vers la sauvagerie.
Lamartine a écrit ce poème pour nous réveiller. Prenons-le comme tel…
Les hommes pour apaiser leur faim
N’ont pas assez des fruits que Dieu met sous leur main.Par un crime envers Dieu dont la Nature frémit,
Ils demandent au sang une autre nourriture.
Dans leur cité fangeuse, il coule par ruisseaux,
Les cadavres y sont étalés en monceaux.Ils trainent par les pieds, des fleurs de la prairie
L’innocente brebis que leur main a nourrie,
Et sous l’oeil de l’agneau, l’égorgeant sans remords,
Ils savourent ses chairs et vivent de sa mort.De cruels aliments incessamment repus,
Toute pitié s’efface en leur coeurs corrompus,
Et leur oeil qu’au forfait le forfait habitue
Aime le sang qui coule et l’innocent qu’on tue.Ils aiguisent le fer en flèches, en poignards,
Du métier de tuer, ils ont fait un grand art.
Le meurtre par milliers s’appelle une victoire,
C’est en lettres de sang que l’on écrit la gloire.
Quel est votre avis sur ce poème ?
Je découvre ce poème, j’en ignorais totalement l’existence, était-il caché? par qui? pourquoi?C’est effarant!
Je rêverais que les enseignants le fassent étudier aux collégiens…
J’adore ce poème, merci de me l’avoir fait découvrir. Pourquoi pas le citer plus complètement? Je trouve les quelques vers supplémentaires très avant-gardistes…
« Or ces hommes, enfants ! pour apaiser leur faim,
N’ont pas assez des fruits que Dieu mit sous leur main ;
leur foule insatiable en un soleil dévore
Plus qu’en mille soleils les champs n’en font éclore ;
En vain comme des flots l’horizon écumant
Roule à perte de vue en ondes de froment :
Par un crime envers Dieu dont frémit la nature,
Ils demandent au sang une autre nourriture ;
Dans leur cité fangeuse, il coule par ruisseaux !
Les cadavres y sont étalés en monceaux.
Ils traînent par les pieds, des fleurs de la prairie,
L’innocente brebis que leur main a nourrie,
Et, sous l’œil de l’agneau, l’égorgeant sans remords,
Ils savourent ses chairs et vivent de sa mort !
Aussi le sang tout chaud dont ruisselle leur bouche
Leur rend le goût brutal et le regard farouche.
De cruels aliments incessamment repus,
Toute pitié s’efface en leurs cœurs corrompus ;
Et leur œil, qu’au forfait le forfait habitue,
Aime le sang qui coule et l’innocent qu’on tue. »
Merci Paule pour ce partage. Je ne connaissais pas la suite.
MERVEILLEUX POEME BENIT SOIT LAMARTINE
C’est assez énergique, mais au moins cela marque !
Merci pour ce poème. une synthèse bien percutante. Une source de réflexion aussi.