Voulez-vous être bousculés, choqués quant à vos choix alimentaires ?
« Pourquoi je suis devenu vegan ? » est un article puissant, qui nous remue au plus profond.
La raison ? Walter Bond parle de sa vie, de son expérience dans les abattoirs et des moments clés de sa conversion.
C’est un témoignage vrai, authentique, et à sa lecture défilent presque dans nos esprit les images de ces moments tragiques.
Mettons bien d’accord : Pour moi, Walter Bond n’est pas un héros ni un enfant de coeur.
Ancien technicien employé dans une entreprise de construction d’abattoirs, il a adopté le régime vegan (végétalien) puis s’est engagé dans la défense des animaux, constatant l’horreur de leur condition.
Or, il a la particularité d’être devenu un activiste, accusé d’avoir incendié deux usines de cuirs et de peaux de mouton, ainsi qu’un restaurant spécialisé dans le foie gras.
Il s’agit là pour moi d’une limite qu’il aurait pu éviter de dépasser. Des actes violents comme ceux-ci ne peuvent être justifiés, même par les traitements abominables que subissent les animaux, et apportent au final des résultats bien limités.
Plus important est certainement d’éveiller les consciences de manière pacifique, bienveillante, éducative, en gardant la confiance que chacun pourra adopter des modes de vie et d’alimentation plus sains et plus respectueux des animaux.
Car pour moi, les coupables ne sont pas seulement les entreprises exploitant les animaux. Les coupables, c’est aussi nous-mêmes, les consommateurs, qui permettons le pérennité de certains industries par nos choix de produits.
Walter bond est l’une des égéries du milieu activiste de la protection animale, mais aujourd’hui en prison, dans quelle mesure peut-il servir sa cause ?
Toujours est-il que son article reste un document exceptionnel qui, immanquablement, nous incitera à revoir nos positions sur notre consommation de viande.
Déjà publié en français, j’ai revu ici sa traduction afin de la rendre moins « brut ».
Au cours de l’hiver 1995, quand j’avais 19 ans, j’ai travaillé pour une compagnie du nom de Mecanique Dakota. Nous construisions de abattoirs dans le Midwest, principalement dans l’Iowa.
L’Etat d’Iowa est le plus grand producteur de porc du pays. Lorsque j’étais employé dans cette industrie maléfique, il y avait 27 abattoirs exclusivement destinés aux cochons.
J’ai également aidé à construire des équipements IBP à Logansport, dans l’Indiana. Il s’agissait de tous nouveaux équipements.
Je n’ai jamais vu un animal abattu au cours des quelques neuf mois au cours desquels j’ai travaillé à Logansport, mais cela ne m’était pas difficile de comprendre l’essentiel de ce que feraient nombre de ces machines en action. J’y ai débuté comme cariste, puis ensuite, j’ai grimpé les échelons pour devenir apprenti-plombier. Après que l’usine fut construite, des licenciements intervinrent au cours de trois mois suivants.
Puis je fus rappelé pour un autre travail. Celui qui changerait ma vie pour toujours. Ce fut un travail moins important : nous devions construire une extension menant à l’étage de l’abattage à l’usine IBP de Perry, dans l’Iowa.
Dans cet abattoir qui fonctionnait à plein, je vis les abattages mécaniques les plus effrayants dont on puisse être témoin. Comme c’était des équipements anciens, nous étions constamment appelés loin de notre chantier pour faire de la maintenance sur tous les équipements. En me rendant dans l’enclos, à l’étage de l’abattage, tout au long de ces cinq mois, j’ai collaboré et j’ai été complice de tout cela.
Tout d’abord, quand je commençais, l’odeur, la vue et les sons étaient insupportables. Je continuais à me dire : « C’est ce que tu manges ; ne fais pas le dégoûté. » Après 6 ou 8 semaines, j’avais la mort dans l’âme. Pendant douze heures, parfois quinze, je travaillais souvent les chevilles dans un bain de sang.
Comme les trois jours où je travaillais au rinçage des stations de plomberie avec des barils de quarante gallons de têtes de porc dépecées qui me fixaient.
Ou les fois où je devais prendre le chariot de manutention derrière les équipements pour rassembler du matériel, juste à côté duquel il y avait une pile de 25 pieds de porc « impropres à la consommation ». Pour quelque raison, ils avaient été laissés en tas, exposés par tous les temps et congelés dans le froid de l’Iowa. Parmi toutes ces horreurs dans le secret desquelles j’étais, c’est ce tas de morts congelées qui hante toujours mon âme.
Puis vint le jour qui me changea. Nous étions en train d’envelopper nos outils et de nettoyer quand un porc, qui avait été frappé par un choc électrique, qui avait la gorge percée et que l’on avait pendu la tête en bas pour être saigné à mort, se réveilla, pris de convulsions, et se libéra du crochet par lequel il était suspendu. Il vint en courant à l’étage de l’abattage vers moi et le reste de l’équipe.
Trois employés de l’IBP lui donnèrent chasse. Un avec une clef plate et deux avec des battes de baseball. Ils commencèrent à frapper le porc à mort. Je me retournais et pensais que quelqu’un… Je me trompais.
Me retournant, je me retrouvais en face du reste de l’équipe. Pendant que j’écoutais les bruits sourds et les cris perçants d’une force stridente et mortelle à peine à trente pieds derrière moi, je vis que mes collègues se réjouissaient et acclamaient, se tapaient mutuellement dans les mains chaque fois qu’il y avait un heurt, riant en fêtant la mort violente d’un être sensible.
Cette nuit-là, dans ma chambre d’hôtel, mon esprit s’agitait. Je me dégoûtais. L’humanité me dégoûtait. J’arrêtais de manger de la viande. Quelques jours plus tard, mon contremaître s’approcha de moi et me demanda si j’avais besoin de lui emprunter de l’argent. Je le répondis : « Non, pourquoi me demandez-vous ? » Il dit qu’il avait remarqué que tout ce que je mangeais était du beurre de cacahuète et de la confiture et qu’il pensait que j’étais fauché. Je lui dis que je n’étais pas fauché et que j’avais simplement arrêté de manger de la viande. Il commença à me chahuter en m’appelant un « nouveau sauveur de la planète. » Je démissionnais sur le champ.
Je retournais à la maison et commençais à étudier le droit des animaux. Je devins vegan et actif dans le domaine légal. J’ai passé des années à tenir une table d’information et à parler avec les gens. J’ai travaillé dans des refuges d’animaux et sauvais des animaux chaque fois que je le pouvais.
Je n’ai jamais senti que quoi que j’ai fait ou ferai pour le compte de notre Mère la Terre et ses nations d’animaux soit assez. Ces machines que j’ai construites en 1996 tuent toujours, même quand j’écris cela. C’est ma faute et ma honte ; je les ai récoltées. Mais c’est aussi ma force et ma résolution. Rien de me fera jamais oublier la situation dramatique des animaux d’élevage à l’usine sous l’appellation « Elevé en plein air », et que tout cela est juste malsain, faux, inutile et indéfendable.
Comme pour toutes les industries d’exploitation animale, le cercle d’abus finira avec l’antagoniste, les humains devenant la proie de leur propre perfidie. Par exemple, mon grand-père que je n’ai jamais connu, avait un élevage de cochons. Il mourut l’année de ma naissance, après que l’ammoniaque des déchets de cochons ait détruit ses poumons.
Ces mêmes déjections, celles de ses porcs et des autres éleveurs, dans les années 1970, empoisonnèrent la nappe phréatique, permettant à un niveau de radium illégal de polluer l’eau du robinet. Désormais, dans certaines régions du Midwest, vous devez signer une décharge attestant que l’eau du réseau public est dangereuse pour votre santé et que vous êtes d’accord avec cela avant de pouvoir être raccordé au réseau.
Je l’ai déjà dit plus haut, mais cela mérite d’être réitéré. Ce sont ces industries de morts qui sont les terroristes des animaux et de la Terre. Pas ceux qui les combattent.
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Qu’en avez-vous pensé ?
Photo : zigazou76
Je suis tout à fait d’accord, qu’aujourd’hui nous sommes obligés d’être vigilants dans nos choix alimentaires, car on nous vends n’importe quoi !
Mais apparemment, la société nous a trouvé une nouvelle appellation, une maladie même : ETRE ORTHOREXIQUE !
1 personne sur 5 en souffre !! « Rechercher l’aliment parfait, pour être parfait et ne jamais mourir »… Un peu tiré par les cheveux. Mais c’est ce que revendique ce psychiatre, Dr Apfeldorfen.
Voici le lien : http://lesmoutonsenrages.fr/2014/01/15/nouveau-vouloir-manger-sain-est-devenu-un-trouble-du-comportement/
Vos impressions ? ^^
Merci Isis pour votre commentaire.
Oui effectivement c’est étonnant cette analyse !
Personnellement, je ne sais pas si je suis orthorexique, mais si c’est le cas, je dois dire que ça me réussit plutôt bien.
Bien à vous
Pareillement !
Je préfère être orthoréxique qu’anorexique (ou tout autre trouble alimentaire) ! =)
Effectivement l’expérience de Walter Bond dans les abattoirs et la manière dont il la raconte, nous remue et on peut se demander au nom de quoi une vie animale serait moins importante que la nôtre. Personnellement je n’y vois aucune raison. Tout comme dans notre corps, c’est la vie qui coule dans les veines de ces animaux, et qui sommes-nous pour la leur ôter? Sans compter que l’impact environnemental des modes d’élevage et d’abattage, nous touche également nous humains de plein fouet.
Peut-on réellement dire que les gens sont égoïstes, qu’ils ne pensent qu’à leur panse avant de penser à la Vie? Le phénomène semble être multi factoriel : historique, économique, culturel, philosophique, etc…, sans compter qu’aujourd’hui, on ne cesse de nous faire croire qu’on risque des carences en cessant de manger de la viande. Mais une chose est certaine, il y a un manque de sensibilité du à des conditionnements profondément enracinés dans la vie des personnes. Qu’un enfant issu d’une famille végétarienne reste végétarien, c’est probable, mais qu’un enfant issu d’une famille « ordinaire » le devienne, c’est beaucoup plus rare. Les questionnements émergent dans son esprit avant les évidences. Mais une fois que l’évidence s’est invitée, elle reste gravée à jamais dans la mémoire du Coeur : refuge intemporel des souvenirs les plus vivants. Car c’est bien avec le Coeur qu’il faut comprendre le pourquoi du droit à la Vie. Les questionnements émergent à l’aide de l’intellect, mais l’Amour lui ne se comprend pas avec la tête. Avec la tête, il est aisé de remarquer qu’il y a toujours un « oui, mais… ». Néanmoins la réflexion est nécessaire et peut être efficace lorsqu’elle est mise au service de notre humanité la plus profonde. Je suis convaincue que si les gens allaient chercher au plus profond du tréfonds d’eux mêmes, ils seraient saisis par cette évidence que toute forme de vie est « sacrée ». N’étant pas habitués, nous, pauvres humanoïdes à faire un demi-tour vers soi, pour écouter la voix du Coeur, de l’Amour, de la Vie, il ne nous est pas aisé de saisir qu’aucun animal ne souhaite se voir ôter la vie. Quelque part, le fait que ces créatures ne puissent s’exprimer nous arrange grandement, et arrange également les porte-monnaies de ceux qui s’en servent pour faire gonfler leurs poches. Néanmoins, l’activisme de Walter Bond nécessite comme tu l’as souligné Antoine d’être vigilant. L’Autre est un autre, et c’est justement pour cela que le forcer à penser comme nous, ne mène à rien. Pour qu’il pense comme nous, il faudrait qu’il eut été nous, avec la même vie, les mêmes lectures, les mêmes expériences, les mêmes questionnements, ce qui est clairement impossible.Une idée imposée de l’extérieur par un acte dangereux, n’est toujours qu’une information de seconde main dans l’esprit des gens, et elle n’a jamais une très longue durée de vie, (sans compter qu’en voulant épargner la vie d’animaux par un message fort, il finit en incendiant des usines par mettre en danger celles de ses frères humains). Alors que s’entendre penser à voix haute et entendre penser les autres, permet inévitablement une évolution de la réflexion, qui même si elle n’aboutit pas au végétarisme, sortira au moins l’individu de la torpeur et de l’insensibilité dans lesquelles la société le berce aujourd’hui. Ainsi quelque soit leur mode de consommation, il sera au minimum remis en question, et ce sera déjà un pas de géant, car à défaut d’ouvrir les deux yeux, on aura au moins ouvert un oeil. Alors, comment amener les gens à la réflexion ? Ce n’est pas une question simple. Faire réfléchir les enfants sur ce thème de manière directe à l’école, est presque impossible si on ne veut pas voir les parents débarquer pour incendier les enseignants de reproches, et pourtant ce genre de réflexions, vu l’impact des éventuelles conclusions, doit être mis en place très tôt. Néanmoins, il est possible de faire réfléchir les enfants sur le sens sacré de la vie, à partir de supports spécifiques, de petites histoires, de contes etc… Il y a un livre par exemple qui s’intitule : Ohé petite fourmi! Une fourmi manque de se faire écraser par un petit garçon encouragé par ses camarades. La fourmi commence alors à expliquer au petit garçon les raisons pour lesquelles il devrait la laisser vivre. Voyant qu’elle a du mal à le convaincre, elle lui demande ce qu’elle devrait faire si c’était lui « le minus » et elle l’enfant. A la fin, on ne sait pas ce que le petit garçon va faire, car l’histoire se termine par une question : « Le garçon l’écrasera-t-il ou ne l’écrasera-t-il pas? » Une réflexion peut être menée puisque tout n’est pas joué, dit ou imposé d’avance. Ce livre même s’il ne traite pas directement de végétarisme, permet déjà de réfléchir au droit à la vie d’un insecte. Et je suis persuadée qu’il existe des supports permettant de se rapprocher encore plus de cette fameuse question, dont la réponse nous a conduit aujourd’hui à devenir « végétariens ».
Voici un extrait de : Dans les forêts de Sibérie de S. Tesson. L’extrait est un peu long, mais si beau.
« Les chiens couchés, l’un près de l’autre sur les pierres du sommet, fixent le paysage. Ils le contemplent, j’en mettrais ma main au feu. « Pauvres en monde », les petits chiens Herr Heidegger? Non, mais rétrécis au plus juste de ce qu’ils connaissent, vouant parfaite confiance à l’instant et faisant fi de toute abstraction. Le courage du chien : il regarde ce qui surgit devant lui, sans se demander si les choses auraient pu se passer autrement. Je pense à ces efforts de l’homme pour dénier toute conscience aux animaux. Des milliers d’années de pensée aristotélicienne et cartésienne nous cadenassent dans la certitude qu’une marche infranchissable nous sépare de la bête. Elle serait sans morale : ses actes se trouveraient dénués d’intentionnalité même dans les gestes altruistes dont elle se montre capable. Elle vivrait sans soupçon de sa propre finitude. Adaptée à son environnement, elle ne saurait s’ouvrir à la totalité de la réalité. Elle resterait inapte à concevoir le monde. Elle ne serait qu’une pauvre volonté sans représentations. Enchaînée à l’immédiat, ne pouvant rien transmettre, elle se priverait d’Histoire et de culture.
Et les philosophes d’asséner qu’on a jamais v un singe tirer une lecture symbolique d’une scène naturelle ni exprimer un jugement esthétique.
Pourtant, au fond des bois, il est troublant le spectacle des bêtes. Comment être certain que la danse des moucherons dans le rayon du soir n’a pas une signification? Que savons-nous des pensées de l’ours? Et si le crustacé bénissait la fraîcheur de l’eau sans aucun moyen pour lui de nous le faire savoir et sans aucun espoir pour nous de le déceler?
Et comment mesurer les émois des passereaux lorsqu’ils saluent l’aurore sur les plus hautes branches? Et pourquoi ces papillons dans la clarté du midi ne connaîtraient-ils pas l’intensité esthétique de leurs chorégraphies. « Le jeune oiseau n’a aucune représentation des œufs pour lesquels il construit un nid, ni la jeune araignée de la proie pour laquelle elle tisse une toile… »(Schopenhauer in Le Monde)
Mais qu’en sais-tu Arthur, d’où tiens-tu ta science en la matière, de quelle conversation avec quel oiseau t’es-tu pénétré pour avancer pareille certitude? Mes deux chiens se tiennent face au lac, clignant des yeux. Ils goûtent la paix du jour, leur bave est action de grâce. Ils sont conscients du bonheur de se reposer là, au sommet après la longue grimpée. Heidegger tombe à l’eau et Schopenhauer aussi, plouf la pensée. Je regrette qu’un philosophe héritier du vieil humanisme n’assiste pas à l’oraison silencieuse prononcée par deux chiots de cinq mois devant une faille de vingt-cinq millions d’années »
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson